Augmentation des dépôts de demandes de brevets européens en 2015 : Les déposants chinois n’y sont pas pour rien

Selon les statistiques publiées par l’Office européen des brevets (OEB) en mars 2016, le nombre de demandes de brevet européen a augmenté de 4,8% par rapport à l’année 2014, indiquant que malgré la morosité économique, le brevet européen est toujours aussi plébiscité. Ces chiffres prennent en compte les demandes de brevet européen déposées directement à l’OEB et les entrées en phase régionale européenne à l’issue de la procédure internationale selon le PCT.

Bien que les plus grands déposants restent les  états contractants de la CBE (avec 47% des dépôts) et les Etats-Unis (avec 27% des dépôts), la Chine arrive en dixième position avec 4 % des dépôts de demande de brevet européens. En comparaison, la France se situe à la 4ème position (avec 7% des dépôts) derrière l’Allemagne et le Japon, mais avec une progression modeste de 1,6% par rapport à 2014.

Statistiques OEB 2015 – pourcentage des dépôts de demandes de brevet européen par état d’origine

La proportion des dépôts par des sociétés chinoises parait bien modeste à première vue, mais ce qui est notable c’est l’augmentation des dépôts  de 22,2% par rapport à 2014, ce qui représente la plus forte croissance tous états confondus.

Encore plus intéressant, le géant chinois des nouvelles technologies HUAWEI se place en quatrième position des plus gros déposants avec 1 953 demandes de brevet déposées en 2015, derrière PHILIPS, SAMSUNG et LG, mais devant SIEMENS, et le chinois ZTE se place en onzième position.

L’augmentation des dépôts européens par les déposants chinois semble corrélée au nombre de dépôts en Chine par les résidents chinois (+13,6% entre 2013 et 2014) alors que le nombre de dépôts chinois reste constant pour les étrangers. De même, ces chiffres sont cohérents avec les données  relatives aux dépôts de demande PCT de 2014, où HUAWEI et ZTE occupent respectivement la première (3442 dépôts) et la troisième place  (2179 dépôts) du classement des plus gros déposants PCT.

On peut alors se poser la question de la raison d’un tel attrait de la part des déposants chinois pour le brevet européen.

Cette augmentation est-elle le simple reflet de la forte croissance économique de la Chine qui, malgré une baisse, reste tout de même à 6,9 %, alors  que la croissance mondiale est en moyenne à 3,6% ?

Ou est-elle aussi liée à la mise en place du brevet européen à effet unitaire qui devrait entrer en vigueur, en même temps que la juridiction unifiée en matière de brevets (JUB), en 2017 (selon les prévisions) ?

La réponse à cette question devrait être en partie connue l’année prochaine avec les nouvelles statistiques fournies par l’OEB, mais également, si le brevet européen à effet unitaire entre en vigueur, avec le nombre d’opt-out des déposants chinois. En effet, cette procédure permettant de se « libérer » de la compétence de la JUB sera un bon indicateur de l’intérêt que portent les déposants chinois au système européen unifié.

En tout état de cause, quelle que soit la raison de l’augmentation des dépôts européens par les déposants chinois, la Chine a largement participé aux bons résultats de l’OEB.

Parions que cet intérêt des déposants chinois pour le brevet européen n’est pas prêt de se terminer…

Premier anniversaire du blog ChinePI.com

bon_anniversaire
(Joyeux anniversaire)

Notre blog dédié à la propriété intellectuelle en Chine a un an ce 25 avril !

Voici donc l’occasion de faire un petit bilan sur ce qui s’est passé depuis un an.

Concernant le nombre d’abonnés au terme de cette première année, si nous regroupons ceux qui sont directement abonnés au blog (réception d’un courriel pour toute nouvelle publication, pour cela il suffit de saisir votre adresse électronique dans le volet de droite sur cette page), ceux qui sont membres du groupe LinkedIn ChinePI Blog ou encore ceux qui sont abonnés sur  Twitter @chinepi_blog   qui relaient les articles du blog, nous avons le plaisir de constater que nous avons plus de 300 abonnés. 

Au total sur l’année qui s’est écoulée, nous avons eu plus de 7 000 vues.

Voici enfin la liste des 10 articles qui ont reçu le plus de visites :

1. Affaire Moncler : coup de chaud pour les contrefacteurs ! le 26 janvier 2016

2. La France soutient la Chine dans la lutte contre la contrefaçon le 18 juin 2015

3. Vous avez dit Patent Troll ? Non, Trademark Troll ! le 13 janvier 2016

4. Du nouveau dans la propriété intellectuelle francophone le 8 janvier 2016

5. Brevets et innovation pharmaceutique en Chine le 20 janvier 2016

6. Publicité en Chine, attention aux nouvelles dispositions ! le 18 septembre 2015

7. Contrefaçon de vin en Chine : dossier spécial le 20 novembre 2015

8. La contrefaçon de nom de domaine en Chine le 21 septembre 2015

9. Libellé d’une marque nationale en Chine, quelques conseils le 22 octobre 2015

10. Marque sonore : une première en Chine ! le 3 mars 2016

 

Nous tenons à remercier chaleureusement nos lecteurs pour l’intérêt qu’ils portent à notre blog et la stimulation que cela nous donne, ainsi que nos nombreux contributeurs sans qui le projet ne pourrait se poursuivre. 

N’hésitez pas à nous faire part de sujets que vous souhaiteriez voir abordés, soit sous forme de commentaire, soit par courriel adressé contact@chinepi.com

Le Comité de Rédaction de ChinePI.com

L’application chinoise WeChat agirait-elle pour la propriété intellectuelle ?

Pour ceux qui imaginent encore la Chine comme le Far West de la propriété intellectuelle et qui hésitent encore à protéger leurs droits, le Livre blanc de protection de la propriété intellectuelle publié en janvier 2016 par WeChat, le premier parmi tous les principaux réseaux sociaux en Chine, pourrait les rassurer. Bien que le Livre blanc annonce qu’il y a encore de nombreuses possibilités d’amélioration, un mécanisme de protection est déjà mis en pratique par WeChat.

  • Nom : WeChat (« WeiXin »).
  • Nature : application de messagerie instantanée de smartphone.
  • Comptes privés actifs : 650 millions par mois.
  • Comptes publics : 10 millions.
  • Date de la mise en ligne de l’application : janvier 2011.
  • Date de la collection des données : janvier 2016.

Lire la suiteL’application chinoise WeChat agirait-elle pour la propriété intellectuelle ?

Réussir ses négociations avec les Chinois

Pour toute entreprise occidentale qui se développe en Chine, la négociation avec des partenaires chinois est une étape obligée tout au longMaurice Herschtal du parcours, et souvent critique. Voici une interview d’un expert sur le sujet, Maurice Herschtal, consultant en stratégie au sein du groupe Sino-Bridge et co-auteur du livre « Réussir ses négociations avec les Chinois« , publié récemment sur les mécanismes de la négociation en Chine.

– Pouvez-vous présenter en quelques mots votre expérience en Chine ?

Les douze années que j’ai passées en Chine m’ont fait découvrir une autre planète !

Pour être précis, j’ai dirigé pendant quatre ans à Hong Kong la filiale d’un groupe suisse leader dans la chimie fine, pour développer les ventes sur le marché chinois ; ensuite huit ans à Changzhou et à Shanghai, à la tête d’une filiale du groupe français IMERYS en tant que directeur d’usine et responsable du réseau commercial en Asie. Ces diverses expériences m’ont amené à faire face à tout un éventail de situations : management d’équipes multiculturelles, gestion des problèmes de sécurité et de maintenance, négociations serrées avec des clients et des fournisseurs aguerris, marchandage interminable des détails des contrats, relations avec les autorités locales etc.

Cela m’a aidé à prendre conscience que les méthodes de management classiques pour lesquelles j’avais été formaté, et qui m’avaient si bien réussi jusque-là en France, ne donnaient pas toujours les résultats espérés. Il m’a fallu sortir des sentiers battus pour mieux adapter mon approche.

J’ai compris que la Chine est un pays de paradoxes qui défient notre bonne vieille logique cartésienne et nous obligent à une remise en cause permanente de nos conceptions.

Lire la suiteRéussir ses négociations avec les Chinois

Les jugements chinois s’ouvrent aux avis d’experts

Une affaire en matière d’enregistrement de marque a été l’occasion pour la Cour de Pékin de solliciter l’avis d’associations, d’universités, de centres de recherche. C’était déjà arrivé, mais une nouveauté cette fois semble marquer le début d’une nouvelle pratique: les avis d’experts ont fait leur parution intégrale dans la décision de la Cour.
Un signe fort de la part des magistrats chinois pour montrer au public un esprit ouvert et transparent, et plus précisément une ouverture assez nouvelle sur l’intégration de la doctrine professionnelle dans les jugements.

Lire la suiteLes jugements chinois s’ouvrent aux avis d’experts

Quels dommages et intérêts lors d’une contrefaçon de brevet en Chine ?

La question nous est souvent posée concernant le montant des dommages et intérêts en cas de contrefaçon de brevet avérée par un tribunal en Chine. Voici quelques indications sur le sujet.

De manière générale, la Chine a la réputation d’allouer des dommages et intérêts d’un montant relativement faible. La moyenne est en effet de l’ordre de 80k RMB (11k €) par affaire, toutefois ce faible montant est fortement lié au manque de preuves utilisables par les tribunaux pour déterminer le montant des dommages et intérêts. Ainsi si l’on parvient à fournir des preuves pertinentes, l’obtention de montants conséquents est possible.

Au cours du  PIAC en septembre 2015, des juges des nouvelles Cours spécialisées en propriété intellectuelle, notamment un juge de la Cour de Canton, M. Tan, ont présenté les facteurs les plus significatifs pour les juges chinois pour déterminer les dommages et intérêts. Nous vous proposons ci-dessous une synthèse. Rappelons que trois nouveaux tribunaux spécialisés en propriété intellectuelle ont été créés en 2014 à Pékin, Shanghai et Canton.

Nous pouvons regrouper les 13 facteurs mentionnés par le juge en différentes catégories.

I – Dommages et intérêts liés au brevet concerné

Lire la suiteQuels dommages et intérêts lors d’une contrefaçon de brevet en Chine ?

La startup chinoise Xiaomi acquiert les brevets du géant américain Intel

On ne présente plus Xiaomi, la startup chinoise spécialisée dans la téléphonie mobile intelligente qui a été fondée en 2010 seulement et qui s’est rapidement hissée parmi les cinq premiers fabricants mondiaux de smartphones.

Il se trouve qu’une cession importante de 332 brevets a été conclue le 4 février 2016 entre Intel et Xiaomi, peu de temps avant l’ouverture de la précommande du téléphone portable Xiaomi Mi 5. Il s’agit là de la plus grande acquisition de brevets de Xiaomi à ce jour.

Si Lei Jun, le fondateur de Xiaomi, avait annoncé au cours d’une interview de China-cbn du début d’année, que la plupart des brevets sont des « pièges », que le brevet est loin d’être synonyme de technologie et qu’il peut même parfois freiner l’innovation, cela n’a pas empêché cette société de rentrer dans le système des brevets avec un nombre total de 3183 dépôts de demandes de brevets en 2015.

L’acquisition de plus de 300 brevets auprès du géant des semi-conducteurs Intel est également le signe du changement de stratégie de Xiaomi, et peut-être plus généralement de beaucoup de sociétés chinoises aujourd’hui : ne plus conquérir le marché seulement par les prix, mais également grâce à la technologie.

Les brevets cédés couvrent principalement les domaines de la télécommunication, l’électronique et les technologies liées aux logiciels. Le prix de cette cession n’a pas été révélé. Toutefois, selon une estimation effectuée par le CNIPR, qui se base sur le prix moyen par brevet[1] de semi-conducteur du troisième trimestre 2015 aux États-Unis, le montant total de la cession pourrait atteindre 50 millions de dollars.

[1] Average paid par patent, Patent value Quotient : Third quarter 2015, IPOfferings LLC, http://www.ipofferings.com/patent-value-quotient.html

  Article rédigé par Yi QIN, du cabinet LLRllr_new

Les étrangers optimistes sur l’évolution de la propriété intellectuelle en Chine

La Chambre de Commerce Américaine en Chine (AmCham China) a publié fin janvier son enquête annuelle, réalisée auprès de 500 entreprises étasuniennes opérant en Chine. Cette enquête est centrée sur l’évolution du climat des affaires et sur les perspectives d’activité 2016, elle aborde en particulier les questions de propriété intellectuelle en Chine.

Malgré le ralentissement du taux de croissance de l’économie chinoise et une baisse du niveau de profitabilité des entreprises perçu en 2015, les entreprises étrangères en Chine restent résolument optimistes sur le potentiel de croissance du marché intérieur. Et la conquête de ce marché demeure un investissement prioritaire pour la moitié d’entre elles.

Elles s’accordent par ailleurs à constater une amélioration de la protection des droits de propriété intellectuelle en Chine sur les cinq dernières années

Lire la suiteLes étrangers optimistes sur l’évolution de la propriété intellectuelle en Chine

Protection de la marque Disney : un monde féérique pour Walt Disney

Quelques mois avant l’ouverture du parc Disneyland Shanghai, les autorités Chinoises ont officiellement annoncé que la marque Disney bénéficierait d’un niveau de protection encore jamais atteint dans le pays. Le premier grand acte est certainement la condamnation de faux hôtels Disney par les autorités.

La chasse aux faux hôtels Disney

Les contrefacteurs vont toujours plus loin que notre imagination. Après la chasse aux fausses banques en Chine (voir notre analyse sur l’affaire Goldman Sachs), l’on se retrouve désormais confronté aux faux hôtels Disney.

Si le parc d’attraction nous fait patienter encore quelque temps (il devrait ouvrir en juin 2016), les hôtels poussent comme des champignons autour de Disneyland, y compris ceux qui essaient d’insérer d’une façon ou d’une autre le terme « Disney » dans leur dénomination, afin d’attirer un maximum de clients à l’occasion de cette opportunité commerciale à ne pas manquer.

Ainsi, par exemple, une société chinoise, le groupe Vienna Hotels, a inséré le terme « Disney » pour cinq de ses établissements situés à Shanghai, parmi lesquels on découvre « Vienna Hotel Shanghai Disney » ou encore « Vienna Hotel Shanghai Disneyland ». Ces hôtels se trouvent à moins de 20 kilomètres du futur parc d’attraction.

Ce comportement qualifié de contrefaçon a été condamné par l’administration chinoise chargée de la protection de la propriété intellectuelle (l’Administration de l’Industrie et du Commerce, AIC) qui a condamné cette société à une amende de 100 000 RMB (environ 14 000 euros).

Un niveau de protection jamais connu

L’intervention contre de faux hôtels fait partie de l’action de protection initiée par la SAIC (Administration d’Etat de l’Industrie et du Commerce), à un niveau national, spécifiquement conçue pour la marque de la société américaine Walt Disney. L’action était annoncée au mois d’octobre dernier pour une durée d’un an, coïncidant avec l’ouverture du 1er parc Disneyland en Chine continentale à Shanghai, prévue pour le 16 juin 2016.

Face au ralentissement économique du pays, la deuxième plus grande économie mondiale espère que ce projet de parc d’attraction, représentant 5,5 milliards dollars, va contribuer à sa croissance économique.

Après toutes les dispositions qui ont été prises par les autorités pour faire de ce projet une réussite, comme la fermeture des usines pollueuses aux alentours, ou l’extension importante du réseau de transport dans la région, les autorités ont par la suite songé à mener des actions pour la protection de la propriété intellectuelle.

La Chine n’avait encore jamais donné ce genre de protection au niveau national pour une seule marque, encore moins lorsque cette marque appartenait à une société étrangère.

La SAIC a divisé le pays en 3 parties, correspondant à des niveaux de vigilance plus ou moins élevés :

  • La zone clé de protection, désignant un périmètre de 7 kilomètres carrés au tour du parc Disneyland ;
  • La zone de coordination, incluant le reste de la ville de Shanghai et l’est du pays ; et
  • Les villes de coopération, incluant toutes les grandes villes des autres régions et les villes touristiques.

D’autres mesures ont également été prises, notamment la formation et la sensibilisation des autorités à ces problématiques de propriété intellectuelle.

Si ces mesures sont importantes par leur ampleur, l’on peut se demander ce qu’il adviendra à l’issue de la durée prévue d’un an de ces actions. D’autres interventions seront sans doute nécessaires afin de dissuader les contrefacteurs.

Par ailleurs, la mise en place de ces actions spéciales pourrait poser la question de l’égalité de traitement des titulaires de marques devant les autorités chinoises. L’argument pourrait éventuellement être soulevé par d’autres sociétés étrangères qui ne se sentiraient pas aussi bien défendues que Disney en Chine.

 Article rédigé par Yi QIN, du cabinet LLRllr_new

Litiges brevets en Chine : neutres ou pro-chinois ?

En Chine, un paramètre crucial à prendre en compte par les sociétés étrangères dans leur stratégie de dépôt de demandes de brevets est la capacité à faire valoir leurs droits et à obtenir gain de cause en cas de litige. Cette capacité dépend en grande partie de l’attitude des tribunaux chinois. Une étude récente par des universitaires américains publiée dans le Vanderbilt J. Ent. & Tech. Law (« Patent litigation in China : Protecting rights or the local economy ? ») a fait l’objet de nombreux commentaires car elle conclut que le système judiciaire chinois est parvenu à maturité, au sens où les jugements sont désormais sensiblement impartiaux envers les étrangers.

Une analyse de cette étude révèle que, si l’on constate effectivement des améliorations sur ce point, cette conclusion mérite d’être nuancée.

Lire la suiteLitiges brevets en Chine : neutres ou pro-chinois ?