Réussir ses négociations avec les Chinois

Pour toute entreprise occidentale qui se développe en Chine, la négociation avec des partenaires chinois est une étape obligée tout au longMaurice Herschtal du parcours, et souvent critique. Voici une interview d’un expert sur le sujet, Maurice Herschtal, consultant en stratégie au sein du groupe Sino-Bridge et co-auteur du livre « Réussir ses négociations avec les Chinois« , publié récemment sur les mécanismes de la négociation en Chine.

– Pouvez-vous présenter en quelques mots votre expérience en Chine ?

Les douze années que j’ai passées en Chine m’ont fait découvrir une autre planète !

Pour être précis, j’ai dirigé pendant quatre ans à Hong Kong la filiale d’un groupe suisse leader dans la chimie fine, pour développer les ventes sur le marché chinois ; ensuite huit ans à Changzhou et à Shanghai, à la tête d’une filiale du groupe français IMERYS en tant que directeur d’usine et responsable du réseau commercial en Asie. Ces diverses expériences m’ont amené à faire face à tout un éventail de situations : management d’équipes multiculturelles, gestion des problèmes de sécurité et de maintenance, négociations serrées avec des clients et des fournisseurs aguerris, marchandage interminable des détails des contrats, relations avec les autorités locales etc.

Cela m’a aidé à prendre conscience que les méthodes de management classiques pour lesquelles j’avais été formaté, et qui m’avaient si bien réussi jusque-là en France, ne donnaient pas toujours les résultats espérés. Il m’a fallu sortir des sentiers battus pour mieux adapter mon approche.

J’ai compris que la Chine est un pays de paradoxes qui défient notre bonne vieille logique cartésienne et nous obligent à une remise en cause permanente de nos conceptions.

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Du nouveau dans la propriété intellectuelle francophone

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Karlo Fonseca Tinoco, co-directeur de la Revue Francophone de la Propriété Intellectuelle

Alors que notre blog se concentre sur la propriété intellectuelle en Chine, d’autres acteurs du monde juridique ont à cœur de faire rayonner la pensée francophone de la propriété industrielle en général. La Revue Francophone de la Propriété Intellectuelle (RFPI) est née récemment à cette fin. Nous en sommes ravis, d’autant plus que ce sera l’occasion de commenter en particulier le droit chinois de la propriété intellectuelle. Voici une interview de l’un des directeurs de cette revue, Karlo Fonseca Tinoco, docteur en droit et avocat au Barreau de Sao Paulo, Brésil. 

– Pouvez-vous présenter quel est l’objet de la revue francophone de la Propriété Intellectuelle ? 

La Revue Francophone de la Propriété Intellectuelle (RFPI) a été conçue comme un instrument de diffusion de la culture juridique francophone en matière de droits de propriété intellectuelle. Elle s’insère dans un projet visant à permettre aux acteurs de la propriété intellectuelle d’avoir accès à l’actualité juridique des diverses régions du monde, en langue française. La RFPI est une revue bi-annuelle qui s’intéresse à l’actualité juridique. De ce fait, nous pouvons y trouver des articles de fond et de chroniques de jurisprudence touchant aux sujets d’actualité dans tous les continents du monde.


– Pourquoi avoir lancé une telle revue, quelle différence avec les revues existantes sur la propriété intellectuelle ? 

Le lancement de la RFPI par l’Association Francophone de la Propriété Intellectuelle est le fruit de la constatation de l’absence d’une revue en langue française permettant d’avoir une vision globale des enjeux contemporains en matière de droits de propriété intellectuelle dans toutes les régions de la planète. Nous pouvons affirmer que son ouverture vers le droit étranger différencie la RFPI des autres revues existantes sur la propriété intellectuelle, chaque numéro étant composé, de manière équilibré, d’articles concernant les droits nationaux ou régionaux dans chaque continent de la planète. Par ailleurs, la RFPI est une revue électronique intégralement en accès libre, ce qui la différencie également des autres revues existantes sur la propriété intellectuelle.


– Qu’est-ce que l’AFPI ? 

L’Association Francophone de la Propriété Intellectuelle résulte de l’initiative d’un groupe d’universitaires, chercheurs, industriels, conseils en propriété industrielle et avocats ayant pour objectif commun le rayonnement de la culture juridique francophone en matière de droits de propriété intellectuelle.

À vocation internationale, l’AFPI renforce la présence francophone dans les débats concernant les sujets d’actualité en propriété intellectuelle aux niveaux nationaux, régionaux et international. Dans ce cadre, l’AFPI réalise divers projets à d’envergure internationale, tels que l’organisation de conférences, la publication d’une revue et d’ouvrages avec le concours de partenaires universitaires et institutionnels étrangers.


– Est-ce que des articles seront prévus sur la propriété intellectuelle en Chine ? 

Le comité éditorial de la RFPI reçoit des propositions d’articles traitant des enjeux contemporains en matière de droits de propriété intellectuelle dans plusieurs pays d’Asie. La Chine, par son importance dans l’économie globale, a certainement une place d’honneur dans l’avenir de la RFPI. Nous espérons pouvoir partager avec nos lecteurs les discussions et les avis des spécialistes sur les derniers développements en droit chinois de la propriété intellectuelle.


– Avez-vous dores et déjà des projets en lien avec la Chine ? 

Comme nous l’avons précédemment évoqué, l’AFPI a pour objectif de renforcer la présence de la francophonie juridique dans les débats en matière de droits de propriété intellectuelle. Afin de réaliser cet objectif, l’AFPI organise de conférences permettant de rassembler universitaires, chercheurs, industriels, conseils en propriété industrielle et avocats pour débattre, dans une perspective comparée, des enjeux et solutions présents dans chaque pays. Dans ce cadre, en partenariat avec nos homologues chinois et avec le soutien des organisations françaises et européennes partenaires de l’AFPI, nous envisageons la réalisation prochainement d’un cycle de conférences en Chine.

Propos recueillis par Clémence VALLEE-THIOLLIER, du cabinet LLRllr_new

Pour des preuves solides, faire des actes notariés

Un rapport du Ministère de la Justice chinois réaffirme l’utilité de se munir d’actes notariés devant les juges chinois dans les procédures de propriété intellectuelle en Chine. Ceci est d’autant plus important pour les étrangers, alors que ces derniers le font peu en pratique.

Précisons avant tout que le SIPO (Office National de la Propriété Intellectuelle chinois) a intégré explicitement la certification notariale comme faisant partie des stratégies de la propriété intellectuelle en Chine. En d’autres termes, pour fournir des preuves dans des affaires de propriété intellectuelle en Chine, le SIPO recommande officiellement d’utiliser des actes notariés (ceci se retrouve en particulier dans ses publications de 2014 s’intitulant « Plan de promotion pour mettre en œuvre les stratégies de la propriété intellectuelle nationale de 2014 » et « Plan d’action pour mettre en œuvre en profondeur les stratégies de la propriété intellectuelle nationale entre 2014 et 2020 »).

Il se trouve que le Ministère de la Justice chinois et la Chambre des Notaires chinoise ont récemment publié conjointement un « Rapport sur la situation du développement des services de certification notariale en Propriété Intellectuelle en Chine ». Ce rapport vient illustrer les recommandations du SIPO sur les effets positifs des actes notariés dans la protection de la propriété intellectuelle chinoise et dans la prévention des infractions.

Voici quelques éléments qui ressortent de ce rapport.

Pour quels types de titres de propriété intellectuelle sont utilisés les actes notariés ?

Selon le rapport, la propriété intellectuelle comptait 591 654 actes notariés entre 2006 et 2013 selon les statistiques de 25 services notariaux, répartis de la façon suivante :

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Ainsi, plus de la moitié des actes notariés fournis dans des affaires de propriété intellectuelle concernent les marques, environ un cinquième portaient sur les droits d’auteur et un peu plus d’un cinquième sont relatifs aux brevets.

En 2013, les services notariaux ont délivré 108 732 actes notariés dans le domaine de la propriété intellectuelle, ce qui représente 0.93% du nombre total d’actes notariés délivrés. Le rapport mentionne que, bien que le nombre total d’actes notariés établis dans la propriété intellectuelle soit encore faible, son évolution est très rapide et promet un grand potentiel dans l’ensemble.

Comment sont utilisés les actes notariés dans les affaires de propriété intellectuelle ?

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Toujours selon le rapport et comme on peut le constater sur le diagramme ci-dessus, entre 2006 et 2013, plus de la moitié des actes notariés concerne la préservation des preuves, environ 40% des contrats ou des déclarations et un nombre beaucoup plus faible porte sur la propriété, les autorisations et autres.

Une utilisation des actes notariés qui diffère selon les régions et la nationalité des parties

Dans l’analyse de ces statistiques, le rapport constate que les effets des actes notariés augmentent avec le degré de développement et la maturité du système légal des régions.

Par exemple, plus de 65% des dossiers de propriété intellectuelle dans la province de Zhejiang (au sud de Shanghai, l’une des plus riches provinces chinoises, dont la capitale est Hangzhou) impliquent des documents notariés. Par ailleurs en 2009, un dossier présente en moyenne 1,79 document notarié, ce qui est relativement important. On retrouve sensiblement les mêmes moyennes dans les régions économiquement développées comme la région du Shandong (villes de Qingdao, Yantai), de Guangzhou (Canton) ou encore de Chongqing.

Pour ce qui concerne la région de Pékin, nous pouvons relever que seulement 35% des dossiers de propriété intellectuelle impliquent des actes notariés, ces derniers étant acceptés comme preuve dans plus de 83% des cas. Ce chiffre relativement faible est probablement dû au fait que le tribunal de Pékin s’occupe d’un nombre élevé de dossiers administratifs, qui reposent sur des documents officiels n’ayant pas besoin d’être certifiés, ou encore en raison d’un taux élevé de dossiers étrangers, les actes notariés étant moins familiers des étrangers.

Ainsi, force est de constater que les étrangers utilisent peu d’actes notariés, alors même que de tels actes seraient plus pertinents pour eux. En effet, les documents de preuve que les étrangers utilisent sont généralement obtenus dans un pays étranger et sont donc davantage susceptibles d’être considérés comme insuffisants par les juges chinois. Or, la solidité de la preuve s’accroît avec la présence d’actes notariés, d’où l’importance de recourir à la certification notariale en Chine.

Il convient de relever qu’une telle certification notariale peut paraître relativement complexe pour les documents étrangers, car elle nécessite tout d’abord une traduction certifiée, puis elle doit être légalisée par l’ambassade ou le consulat chinois du pays où la preuve a été recueillie. Néanmoins, il est possible qu’à l’avenir, le gouvernement chinois facilite la certification et la légalisation des documents étrangers, voire accepte les témoignages comme source de preuve.

Source :

Journal quotidien de loi (« Legal daily »),
http://www.legaldaily.com.cn/index_article/content/2015-05/25/content_6094993.htm?node=6148

Article rédigé par Yifan ZHANG, du cabinet LLRLogo LLR

La contrefaçon de nom de domaine en Chine

Alors que le commerce en ligne se développe considérablement en Chine, prenez garde à la contrefaçon de nom de domaine qui peut prendre de multiples visages.

Voici un article que nous traduisons en français, initialement rédigé en anglais par Alexander Bayntun-lees et publié sur le blog Your IP Insider. Ce blog est édité par les bureaux Helpdesks Chine et Asie du Sud-Est co-fondés par la Commission Européenne (China and Asean IPR SME Helpdesks), apportant de l’information et des services aux PME (Petites et Moyennes Entreprises) pour protéger et faire respecter leurs droits de propriété intellectuelle en Chine et en Asie du Sud-Est.

Stop au « squatting » : la protection des droits de propriété intellectuelle en ligne en Chine 

La Chine a une population de plus de 1,3 milliard de personnes, parmi lesquelles on comptait 632 millions d’utilisateurs Internet à la fin 2014. C’est à peu près la moitié de la population de Chine et trois fois le nombre d’utilisateurs Internet en Asie du Sud-Est.

Le pourcentage d’internautes en Chine est à présent de 46,03% selon le Centre d’information sur le réseau Internet de Chine (CNNIC), administré par l’Etat. Les tendances suggèrent également que l’utilisation d’internet en Chine devrait connaître une croissance supplémentaire dans les années qui viennent.

Le commerce électronique est aujourd’hui bien développé en Chine, et l’on prévoit qu’il compte pour environ 10% du nombre total d’achats au détail d’ici la fin 2015, en contraste avec les 6 à 8% en Europe. Par ailleurs, une autre étude de KPMG prévoit qu’avec la richesse, la pénétration d’Internet, la progression de la conscience des marques et de la fidélité, la vente en ligne devrait encore s’intensifier.

Qu’est-ce que cela implique pour vos affaires ?

Il y a sans doute beaucoup de raisons de se réjouir de la perspective d’augmentation du e-commerce en Chine. Non seulement cela fournit aux PME européennes des opportunités de se développer dans une région avec des demandes de consommateurs grandissantes, mais cela offre également la possibilité de le faire plutôt facilement, sans les coûts de démarrage associés à l’ouverture d’un bureau physique.

Cependant, les PME européennes devraient être conscientes de plusieurs difficultés lorsqu’elles établissent leur passerelle virtuelle dans le marché chinois.

Contrefaçon de nom de domaine

La contrefaçon de noms de domaine existe dans des formes variées. Les façons les plus communes pour un tiers de contrefaire un ou plusieurs nom de domaine sont les suivantes :

  • Le cybersquattage (« cybersquatting ») : enregistrement de noms de domaines qui sont identiques aux noms de produits ou de marques de votre entreprise, dans le but de vous revendre les noms de domaines (le propriétaire légitime) à un prix plus élevé.
  • La fausse affiliation : des criminels se présentent comme des revendeurs autorisés.
  • L’hameçonnage (« phishing ») : tentative d’acquérir des informations confidentielles et des noms d’utilisateurs par une communication électronique (courriels frauduleux contenant de faux liens). Le terme « phishing » est un mot formé de la fusion de « password » et « fishing ».
  • L’écrasement (« slamming ») : fraude par laquelle des registrars revendeurs de noms de domaine contactent des compagnies européennes, soutenant qu’un autre de leurs clients a demandé l’enregistrement de noms de domaine identiques à votre marque ou à votre nom de société.
  • Le typosquattage (« typosquatting ») : enregistrement de noms de domaine qui sont soient visuellement similaires à votre nom de domaine ou qui présentent une erreur de frappe (une erreur sur le clavier). Par exemple, si Europe.eu est le nom de domaine, www.europ.eu pourrait être le domaine typosquatté (visuellement similaire) ; ou bien www.Euripe.eu pourrait être la variante (la lettre ‘i’ proche du ‘o’ sur le clavier et pourrait ainsi être une erreur courante). Le fait d’omettre ou de doubler des caractères compte aussi comme du typosquattage.
  • La diversion de trafic : le fait d’utiliser un nom de domaine typosquatté pour rediriger du trafic destiné à votre site web.

Exemple : contentieux sur le nom de domaine de IKEA en Chine

Le premier contentieux sur un nom de domaine étranger en Chine eut lieu en juin 2000, lorsque la société Beijing CINET Information Co., Ltd. (CINET) enregistra le nom de domaine www.ikea.com.cn auprès du CNNIC.

La société Inter Ikea Systems B.V. (IKEA), société suédoise reconnue internationalement dans l’ameublement, possédait déjà plusieurs enregistrements de marques sous le nom de IKEA en Chine, et faisait un usage commercial de ces marques en Chine depuis plusieurs années. IKEA lança une action contre la société CINET dès qu’elle découvrit que CINET utilisait un nom de domaine incorporant son nom de société. IKEA demandé que le nom de domaine de CINET soit suspendu.

Dénouement

La Cour de Pékin (Beijing Second Intermediate People’s Court) considéra que, puisque les noms de domaine étaient de plus en plus relatifs aux marques avec le développement du e-commerce, CINET avait agi illégalement – utilisant sciemment une marque très connue pour conduire des activités commerciales. L’utilisation du nom de IKEA a également été considérée comme constituant de la concurrence déloyale et une contrefaçon de marque. En outre, la Cour découvrit que CINET détenait également plusieurs autres noms de domaine, dont beaucoup utilisaient d’autres noms commerciaux célèbres, notamment Cartier, Tiffany et Hertz. En conséquence, CINET a été accusée d’avoir enregistré www.ikea.com.cn de mauvaise foi.

Cette décision a été reconnue comme profitable, donnant des directives importantes dans le traitement du cybersquattage en Chine. Elle montre également que les parties étrangères sont capables de faire respecter leurs droits de propriété intellectuelle devant les cours chinoises.

Messages à retenir pour les PME européennes

  • Enregistrez vos noms de domaine dans de potentiels futurs marchés en Chine avant d’y établir votre activité. Cela peut faire gagner de l’argent et un temps considérable par la suite, et peut en outre ajouter stratégiquement de la valeur à votre société ;
  • Les noms de domaines en Chine fonctionnent selon un système du premier déposant (« first-to-file », F2F), qui délivre le droit au nom de domaine à la personne qui dépose en premier – indépendamment de la date de sa création ;
  • Pour économiser du temps et de l’argent il est recommandé de faire des recherches sur l’arbitrage des noms de domaine avant d’entrer en Chine ;
  • L’enregistrement d’un nom de domaine coûte typiquement 50 à 100 € (euros) par an ; le prix d’un litige en nom de domaine est typiquement équivalent au prix de 10 enregistrements de nom de domaine.

Apprenez comment enregistrer un nom de domaine, choisir un registrar, et récupérer un nom de domaine contrefait en Chine en utilisant [le] module d’apprentissage en ligne et [le] guide sur les droits de propriété intellectuelle en ligne en Chine sur [le] site web du China IPR SME Helpdesk.

 

Article rédigé par Alexander Bayntun-lees publié sur Your IP Insider le 12 août 2015nom de domaine

(The China IPR SME Helpdesk is a European Union co-funded project that provides free, practical, business advice relating to China IPR to European SMEs. To learn about any aspect of intellectual property rights in China, visit our online portal at www.china-iprhelpdesk.eu. For free expert advice on China IPR for your business, e-mail your questions to:  question@china-iprhelpdesk.eu. You will receive a reply from one of the Helpdesk experts within three working days.)

Article traduit de l’anglais vers le français par Clémence VALLEE-THIOLLIER, du cabinet LLR

Publicité en Chine, attention aux nouvelles dispositions !

La loi sur la publicité en Chine vient d’être modifiée de façon à interdire la publicité mensongère et à réguler les publicités sur le tabac, l’alcool, les produits médicaux voire cosmétiques, ou encore de façon générale sur ce qui est adressé aux mineurs de moins de 14 ans.

Cette loi n’avait pas été revue depuis son adoption le 27 octobre 1994. Le Congrès national du peuple a commencé à s’y atteler dans les années 2000 et après plusieurs projets de modification, la loi sur la publicité en Chine a été officiellement révisée le 24 avril 2015 et est entrée en vigueur le 1er septembre 2015.

L’objectif principal de ces nouvelles dispositions est de mieux protéger les consommateurs chinois, lesquels subissent les conséquences de la publicité mensongère, notamment en achetant des produits de mauvaise qualité.

En ce sens, l’article 3 de la loi révisée rappelle que la publicité doit être véridique et légale et l’article 4 indique qu’elle ne doit pas être mensongère et tromper les consommateurs.

Par ailleurs, les nouvelles dispositions régissent précisément la publicité relative à certains produits notamment le tabac, l’alcool, les médicaments ou encore les produits vétérinaires.

Parmi les nouveautés les plus notables, on peut citer l’encadrement de la publicité pour le tabac assuré par l’article 22 puisque, en pratique, toute publicité en lien avec le tabac est désormais prohibée.

Certes, il était déjà interdit de diffuser des publicités pour ce produit à la télévision, dans les journaux ainsi que dans les lieux publics, et les publicités autorisées devaient mentionner que « le tabac est dangereux pour la santé ». Désormais, ces interdictions sont étendues à toutes les formes de média et à tous les lieux publics (intérieurs ou extérieurs).

Néanmoins, les nouvelles dispositions vont encore plus loin en interdisant toute référence aux produits du tabac ou à leurs marques dans des publicités qui concernent d’autres produits et services, et même dans de simples informations qui seraient diffusées par une entreprise de l’industrie du tabac, par exemple pour indiquer un changement d’adresse.

Par ailleurs, toujours dans le but de mieux protéger les consommateurs et surtout les mineurs, l’article 40 de la loi révisée interdit toute publicité à leur égard en ce qui concerne notamment l’alcool, les produits médicaux et pharmaceutiques ou encore les traitements cosmétiques. Quant aux mineurs de moins de 14 ans, toute publicité pouvant les inciter à adopter « un comportement imprudent » est interdite. La loi va donc assez loin dans la protection des mineurs et complique la tâche des entreprises spécialisées dans les produits pour enfants.

Vous l’aurez compris, cette loi est riche de nouveautés et à défaut de pouvoir toutes les exposer ici, nous vous invitons à vous y reporter pour les découvrir en détails.

Ailleurs dans le monde, la publicité est également assez contrôlée, notamment relativement au tabac et à l’alcool.

La loi Evin adoptée en 1991 en France limitait déjà la publicité pour ces produits et récemment les discussions sur l’adoption du paquet de cigarettes neutre ont fait grand bruit, alors que ce dernier a été adopté dès 2012 en Australie.

Toutefois, contrairement à la Chine, il semblerait que la France fasse un pas en arrière en ce qui concerne la publicité sur l’alcool puisque dans le cadre de la loi Macron, le Sénat vient d’accepter un assouplissement de la loi Evin. Il serait désormais possible d’informer sur l’alcool en ce qui concerne les « contenus journalistiques ou œnotouristiques » consacrés à une « région de production ou au patrimoine culturel, gastronomique ou paysager liés à une boisson alcoolique », sans que cela ne soit assimilé à de la publicité.

Ces divergences de régime entre pays ne manqueront certainement pas de constituer un casse-tête pour les industriels qui souhaiteraient développer une campagne publicitaire à grande échelle.

Pour en revenir à la Chine, il convient d’être très prudent dans le cadre de la diffusion d’une nouvelle campagne de publicité en Chine, quel qu’en soit le support. En effet, si les annonces ne sont pas conformes à la loi, toutes les personnes qui sont intervenues dans leur création et leur diffusion engagent leur responsabilité. Elles s’exposent à un ordre de cessation de diffusion de l’annonce, ainsi qu’au paiement d’une amende pouvant aller de trois à cinq fois le montant des frais engagés pour la création de l’annonce publicitaire.

Toutefois, cette loi est évidemment une avancée positive pour la Chine en termes de protection de ses consommateurs même si elle complique la diffusion de publicités dans ce pays. Ainsi, préalablement à tout lancement d’une campagne publicitaire, mieux vaut vérifier sa conformité à la loi sur la publicité révisée et entrée en vigueur le 1er septembre 2015.

 

Innovation en Chine, pensez aux réductions fiscales

La Chine a une politique fiscale très incitative en faveur des entreprises innovantes. Bien que les questions de fiscalité soient une affaire de spécialistes, voici un bref aperçu de possibilités de réductions fiscales offertes et dont les étrangers en Chine auraient tort de se priver.

Ce n’est pas nouveau, la Chine a décidé de devenir le pays de l’innovation. Elle est désormais en deuxième place pour les dépenses de R&D dans le monde (derrière les Etats-Unis), et elle se donne apparemment les moyens de passer en première place dans les prochaines années.

Selon un premier exemple, la loi chinoise offre un statut particulier à certaines entreprises de hautes de hautes et nouvelles technologies, c’est-à-dire les entreprises HTNE (pour “High and New Technology Enterprise”). De telles structures bénéficient d’une forte réduction d’impôts sur les revenus de la société, qui passent du taux habituel de 25% à un taux de 15%.

Pour être considérée comme une entreprise HNTE, il est nécessaire que l’activité soit une « core IP ». Il n’y a pas de définition claire sur ce sujet, mais l’on pourrait traduire cela comme le fait qu’il faut que l’activité soit centrée sur des innovations techniques qui ne sont pas mineures. En particulier, l’activité doit se situer dans l’un des huit domaines technologiques concernés (électronique, biologie / médecine, aviation / aérospatial, nouveaux matériaux, services de haute technologie, nouvelles énergies, technologies de l’environnement, transformation des secteurs traditionnels). Parmi les autres conditions pour obtenir ce statut, il faut apparemment être en possession de la propriété intellectuelle relative à la technologie cœur de l’entreprise, résider en Chine depuis au moins 1 an, avoir au moins 10% du personnel dans les activités de R&D, réserver un certain pourcentage de ses revenus à la R&D, employer du personnel qualifié, etc.

Une société peut également obtenir un statut de ATSE (pour “Advanced Technology Service Enterprise”). Dans cette catégorie, les critères sont moins stricts et ne sont pas limités aux cas dans lesquels la propriété intellectuelle se trouve au cœur de l’activité.

Par ailleurs, selon un autre exemple très intéressant d’incitation fiscale, il est possible de déduire 150% de ses dépenses de R&D des revenus de la société, il s’agit de ce que l’on appelle la « super-déduction ».  Pour en bénéficier, il n’est pas nécessaire a priori d’avoir une activité dans un certain domaine technique et les critères semblent relativement légers.

Est déductible dans ce cadre-là tout ce qui améliore la connaissance de l’entreprise, il ne s’agit pas forcément de la connaissance technique universelle, contrairement à ce que l’on a tendance à croire. En effet, dès que l’on travaille sur un produit, un procédé, un emballage, un logiciel, une saveur ou une recette, des dépenses sont probablement déductibles. Ainsi, un grand nombre de dépenses de l’entreprise peuvent être considérées comme des dépenses de R&D éligibles à des déductions fiscales. Pourtant il semble que ce soit souvent un poste qui est sous-estimé par les sociétés.

Concernant les procédures permettant de bénéficier des déductions, elles varient énormément selon les provinces et les villes. Aussi, il est important de se renseigner suffisamment tôt pour procéder aux déclarations à temps. Par exemple, il est possible que la déclaration des dépenses ne soit possible qu’au mois de janvier, et que si l’on ne déclare pas dans les temps, toute déduction fiscale soit définitivement perdue pour l’année qui précède.

Ces déductions peuvent par ailleurs être combinées avec des subventions données par l’administration chinoise pour des dépôts de demandes de brevet. De telles subventions sont fréquentes et distribuées par différents biais, le gouvernement, la province, la ville. Là encore, il convient de se renseigner pour effectuer de telles démarches.

Pour plus d’informations ou une confirmation des éléments évoqués ci-dessus, mieux vaut dans tous les cas consulter un spécialiste de la fiscalité chinoise.

Tianjin veut renforcer sa protection en PI

La ville de Tianjin, 4ème ville de Chine en nombre d’habitants, a annoncé récemment sa volonté de renforcer la protection de la propriété intellectuelle.

Selon les déclarations du gouvernement municipal en avril reportées dans le China Daily le 24 avril 2015, le souhait est d’amplifier les efforts et d’innover dans le mécanisme de protection et de développement de la propriété intellectuelle, de façon à construire un environnement économique avec justice, honnêteté et principes.

Le SIPO et le gouvernement municipal de Tianjin ont signé en avril dernier un accord de coopération et de consultation pour améliorer la protection et la gestion de la propriété intellectuelle dans la zone de libre-échange.

Par cet accord, la ville de Tianjin s’inscrit dans une volonté générale et clairement exprimée en Chine de stimuler l’innovation et d’améliorer la protection de la propriété intellectuelle. Nous ne disposons pas d’informations sur les moyens concrets qui seront mis en place pour atteindre cet objectif.

L’innovation, nouvelle priorité du gouvernement chinois

La Chine poursuit son objectif de devenir le pays de l’innovation : elle annonce son plan « Made in China 2025 » visant à favoriser les subventions en R&D. Voici un article que le journaliste et spécialiste de la Chine Eric Meyer a publié dans l’hebdomadaire Le Vent de la Chine le 22 mai 2015 et qu’il nous autorise à reproduire.

 

« Made in China 2025 », un plan pavé de bonnes intentions

Dévoilé le 19 mai par le ministre de l’Industrie & des Technologies de l’Information, Miao Wei, le plan « Made in China 2025 » reflète le programme décennal allemand « Industry 4.0 », qui se réfère à une « 4ème Révolution industrielle », celle de la connectique (après celles de la vapeur, de l’électricité et de l’information). Non sans courage, le plan chinois veut quitter la formule qui a fait 30 ans la fortune de son industrie, les primes à l’export de produits bas de gamme. La Chine ne veut plus se contenter d’être l’assembleur (chez Foxconn, au Guangdong) des iPhones d’une valeur à l’export de 180$, dont 7$ seulement pour l’assembleur (sa valeur « ajoutée »), revendus ensuite 500 $ pièce partout dans le monde. Ouvrier Pétrole

La priorité ira à l’innovation, aux produits à faible empreinte-carbone, et à la qualité. 10 secteurs sont visés : spatial, robotique, véhicules à énergies nouvelles, bio ingénierie, nouveaux matériaux, bio agronomie… Si les choses vont selon le plan, les subventions iront donc dans la R&D plutôt que dans la guerre des prix entre provinces. Exemple : 182 milliards de $ seront investis sous 3 ans pour améliorer la vitesse de l’internet chinois, aujourd’hui de 4,25 megabits/sec, en moyenne, face aux 25,3 Mbps atteints par la Corée du Sud, leader mondial. Ceci, pour renforcer l’industrie des services connectés. En 2014, un fonds de 19 milliards de $ a été créé pour soutenir le microprocesseur local, pour s’éviter l’importation à prix d’or, pour une note de 210 milliards de $ l’an dernier-plus chère que celle de pétrole. Un point intéressant du plan, est que le gouvernement prétend tracer la politique, mais en laisser l’application au marché, privé ou public, en créant l’égalité d’accès aux technologies et aux crédits.

Mais il y a loin de la coupe aux lèvres, et l’Etat partir de bas : aux universités comme dans les centres publics de R&D, fleurissent mandarinat et plagiat. Le plan pourra-t-il réussir sans changer en même temps les mentalités ailleurs : sans déréguler presse, universités, justice ? À voir !

 

Article rédigé par Eric MEYER dans Le Vent de la ChineLVDV innovation

 

Témoignage d’un expert de la PI en Chine

A l’occasion du cinquantième anniversaire des relations France-Chine en 2014, la chaîne francophone de la télévision nationale chinoise CCTV a sélectionné 50 personnalités représentatives de l’alliance entre la France et la Chine.

Parmi ces personnalités, la CCTV a choisi Shujie FENG,  Professeur de droit en Chine et Docteur en droit en France, et lui a demandé de témoigner sur son métier d’expert de la propriété intellectuelle en Chine.

La vidéo du témoignage est sur le site de la CCTV, accessible en cliquant sur l’image qui suit :

cctv expert

Les vidéos « 50 ans, 50 témoins » étant également diffusées sur la chaîne TV5, le reportage peut être visible sur le site de TV5 Monde.

Shujie FENG est l’un des fondateurs du cabinet LLR en Chinelogo LLR

 

Bienvenue sur ChinePI.com

Bienvenue sur le blog ChinePI.com.

Protéger ses innovations ? Son image de marque ? Il s’agit souvent d’un enjeu majeur pour des sociétés étrangères qui ont une activité en Chine. Cela peut même s’avérer vital pour leur activité.

Pourtant, l’intérêt porté par les sociétés à la défense de leur propriété intellectuelle n’est pas toujours très clair.

Peut-être est-ce dû à une méconnaissance de l’approche chinoise de la propriété intellectuelle, bordée de préjugés qui pousseraient à être inactifs.

L’objectif de ce blog est de montrer davantage ce qu’est la propriété intellectuelle en Chine, comment l’utiliser comme une force, ses particularités par rapport à d’autres pays, ses évolutions, ou encore nos témoignages ou réflexions à partir de ce que nous constatons sur le terrain.

Brevets, marques, droits d’auteur, secret, stratégie, nouvelles lois, exemples de cas, etc. Nous espérons répondre aux besoins, conscients ou inconscients, des personnes qui souhaitent développer leur activité en Chine.

Nous vous invitons à vous abonner pour recevoir les billets dès leur publication.

Bonne lecture à tous !

L’équipe de ChinePI.com